Carine DUTEIL-MOUGEL : INTRODUCTION À LA RHÉTORIQUE
ANNEXE
4 : Figures de pensée (Rhétorique à
Hérennius)
FIGURES DE PENSÉE / précisions |
DÉFINITIONS |
la
distribution
|
« consiste
à assigner des rôles déterminés à
plusieurs choses ou à plusieurs personnes. » |
le franc-parler |
« quand,
devant des gens que nous devons respecter ou redouter, nous
formulons - en usant de notre droit de nous exprimer - un reproche
mérité à leur endroit ou à celui des
personnes qu’ils aiment, à propos de quelque erreur. » |
la litote |
« consiste
à dire qu’il y a chez ceux que nous défendons - ou
en nous-même - quelque avantage dû à la nature,
au hasard ou au travail, en le minimisant et en l’atténuant
par nos propos pour éviter d’afficher un air
prétentieux. » |
l’exposé
|
« figure
qui consiste à présenter avec clarté, netteté
et vigueur les conséquences d’un fait. » |
la
division
|
« la
division est la figure qui distingue deux éléments
d’une alternative et qui les résout tous deux - raison à
l’appui. » |
l’accumulation |
« Il
y a accumulation lorsqu’on rassemble en un même endroit
des arguments dispersés dans la cause entière pour
rendre l’exposé plus vigoureux, plus incisif ou plus
accusateur. » |
l’accumulation qui sert beaucoup dans les causes conjecturales « Cette figure a de la force ; elle est presque toujours nécessaire dans un état de cause conjectural et il faut quelquefois l’employer dans les autres genres de cause et dans tout type de discours. » (Livre IV, 53) |
« quand
des soupçons, exposés isolément, étaient
légers et faibles, mais qu’ils semblent rendre, une fois
regroupés, le fait évident et non plus seulement
suspect. » |
l’expolition
|
« consiste
à s’arrêter sur un même point tout en
paraissant exprimer des idées toujours différentes.
Elle se fait de deux manières : ou bien nous
répéterons simplement la même chose ou bien
nous parlerons de la même chose. Nous répéterons
la même chose non pas de la même façon - ce
serait lasser l’auditeur et non orner le discours - mais avec
des changements. Les modifications se feront de trois manières :
dans les mots, dans le débit, dans le tour. » |
l’insistance1
|
« quand on s’appesantit assez longuement sur le point le plus solide, sur lequel repose toute la cause, et qu’on y revient assez fréquemment. » (Livre IV, 58) |
l’opposition2 |
« rapproche
des contraires. » |
la comparaison |
« la
comparaison est un procédé de style qui applique à
une chose un élément de similitude emprunté à
une chose différente. On l’emploie pour embellir, pour
prouver, pour rendre plus clair, pour mettre sous les yeux. Etant
utilisée pour quatre motifs, elle s’exprime aussi de
quatre façons : par le contraire, la négation,
le parallèle, le rapprochement rapide. » |
l’exemple |
« consiste
à citer un fait ou un propos du passé dont on peut
nommer l’auteur avec précision. On l’emploie
pour les mêmes motifs que la comparaison.
|
l’image
|
« l’image
est une comparaison entre deux formes présentant une
ressemblance. » |
le portrait |
« consiste
à peindre et à représenter avec des mots
l’aspect physique d’une personne avec suffisamment de
précision pour qu’on la reconnaisse. » |
la
peinture de caractère
|
« consiste
à décrire un caractère avec des traits
déterminés qui, comme des marques distinctives, lui
sont propres. »
|
le dialogisme |
« consiste
à faire tenir à une personne un langage qui soit en
accord avec sa situation. » |
la
personnification
|
« consiste
à mettre en scène une personne qui n’est pas là,
comme si elle était présente, ou à donner la
parole à une chose muette ou abstraite, et à lui
attribuer une forme, un langage en accord avec son caractère,
ou encore une sorte d’activité. » |
l’allusion |
« figure
qui laisse deviner plus qu’il n’est dit. Elle prend la forme
d’une hyperbole, d’une ambiguïté, d’une
conséquence, d’une réticence, d’une
comparaison. » |
l’hyperbole |
« On
procède par hyperbole quand on en dit plus que ne l’admet
la vérité, pour donner plus de force au soupçon. » |
l’ambiguïté
|
« Il
y a ambiguïté quand un mot peut avoir deux acceptions
ou plus mais qu’il est pris dans le sens que veut l’orateur. » |
la conséquence |
« L’allusion
procède par conséquence quand on exprime ce qui
découle d’une situation et ce qui laisse soupçonner
la situation dans sa totalité. » |
la réticence |
« Il
y a réticence quand, après avoir commencé de
dire quelque chose, nous nous arrêtons - ce que nous avons
dit suffisant à éveiller les soupçons. » |
(la
« comparaison » - l’exemple)
|
« Il
y a comparaison quand nous citons un cas semblable sans rien dire
de plus, mais en suggérant grâce à lui notre
sentiment. » |
la
concision
|
« exprime
une chose avec les seuls mots indispensables. » |
la
description
|
« consiste à narrer un fait de telle manière que l’action semble se dérouler et l’événement se passer sous nos yeux. On obtiendra ce résultat en incluant les antécédents, les suites et les détails de l’affaire elle-même ou en n’omettant pas de parler des conséquences ou des circonstances. » (Livre IV, 68) |
NOTES
1 L’auteur ne fournit pas d’exemple de cette figure : « De cette figure je n’ai pu proposer un exemple suffisamment approprié parce que ce lieu n’est pas séparé de l’ensemble de la cause comme le serait un membre, mais qu’il est, comme le sang, répandu dans tout le corps du discours. » (Livre IV, 58, page 207).
2 L’auteur classe cette figure parmi les figures de mots (il s’agit de l’antithèse) et parmi les figures de pensée.
3 L’auteur ne propose pas d’exemple : « Nous aurions donné des exemples pour chaque catégorie si nous n’avions montré à propos de l’expolition, en quoi consiste un exemple et si nous n’avions expliqué, à propos de la comparaison, les motifs de l’employer. » (Livre IV, 62, page 212).
4
Mais aussi « pour exciter la jalousie » et
« pour exciter le mépris ». (Livre IV,
62, page 213).